Je vois le roman comme un genre plutôt commercial. Pour des besoins de volume il contient pas mal de scènes dont on peut se passer.
La nouvelle est plus économique en espace et plus directe en approche. Malheureusement elle est vue à tort comme un genre de débutant qui cherche son chemin vers un art plus mature. Et pourtant, elle est un exercice difficile d'équilibriste. Caser les personnages dans un espace plus ou moins restreint en coupant la parole aux plus bavards demande un choix rigoureux.
Ecrire en pensant à l'art du langage c'est écrire comme un poète. La poésie, l'art sublime, est foulée aux pieds parce qu'elle ne se vend pas. Que serait le langage humain sans poésie ? Ce n'est pas ce qui se dit, mais la façon de le dire qui distingue les orateurs. C'est pourquoi la poésie doit avoir sa place dans le roman, s'accrocher à lui pour exister. Dans cette combinaison les deux genres sortent gagnants. Tandis que le roman s'embellit de tournures qui lui donnent une vie réelle au-delà de la platitude du simple langage descriptif, la poésie, elle, utilise le roman comme un excipient pour passer le tamis de l'instinct commercial.
Roger Fodjo